Pourquoi cette histoire-là?

Voilà une question que je me pose sans cesse: pourquoi cette histoire-là?
Déjà, pourquoi vouloir écrire, raconter une histoire? Et, ensuite, pourquoi celle-ci précisément?

Je vais être franc, je ne me souviens plus de la première étincelle qui a bouté le feu au projet. Je sais par contre que j'ai longtemps eu besoin d'écrire, sans jamais trouver une idée d'histoire capable de tenir ma plume en haleine sur le long terme. C'est finalement une suite de hasards qui m'a mis sur la piste de ce projet-là, bien précis, Corps-Franc.

J'ai d'abord eu la chance de tomber sur une équipe de passionné·e·s qui m'ont fait découvrir le XVe siècle sous un angle nouveau, frais et incarné. Les Arts martiaux historiques européens (merci, GAFSchola!) ont été une porte d'entrée incroyable pour nouer avec le quotidien des Suissesses et des Suisses à l'aube de la renaissance. Par l'épée, on conçoit leurs routines, leurs contraintes et l'organisation de la cité. On se met aussi dans leur peau, ou presque, en s'exerçant au plus près de ce que ça aurait pu être et en croisant le fer comme ça aurait pu se produire. Dingue. Là, j'ai nourri mon savoir et mon affinité pour cette époque.

Ensuite, en 2020, j'ai emménagé à la campagne, à deux pas de la Sarine et d'antiques ruines d'un bourg médiéval. Envahie de végétation dans un décor silencieux et bucolique, la vieille cité d'Arconciel m'a intrigué. Pour nourrir le feu du projet, cette première balade dans ce méandre a été un coup de grisou. Les tragédies de nobles familles puis les histoires de seigneurs brigands hantant le bourg avant sa chute donnent vie aux vieilles pierres. En face, sur l'autre rive, une autre fortification démantelée suite aux Guerres de Bourgogne me donne un point d'accroche inespéré pour démarrer une fiction qui prend racine dans le terroir local. Là, j'ai nourri l'intrigue d'un roman dont je commençais à voir les contours. Enfin!

Mais, après quelques pages griffonnées, je me suis rapidement rendu à l'évidence qu'il me manquait quelque chose d'important. Je ne veux pas écrire de documentaire ni de roman historique. Je veux réenchanter avec un peu de mystère les méandres de la Sarine. Ces vieilles pierres sont à la fois témoin véridique d'une époque, mais aussi (et pour moi, surtout!) les gardiens de contes et de légendes qui nourrissent depuis des imaginaires ancrés dans ce territoire. Là, je me suis mis en quête des contes de la région. Les personnages, les lieux et les événements, historiques ou fabuleux, se sont alors imbriqués dans mon esprit. Mon imaginaire invente depuis à tout va des liens dans tout ce fatras. Là, le feu a bel et bien pris: j'ai un besoin ardent, une obsession, pour remettre de l'ordre et pour écrire un texte qui fera cohabiter les légendes et l'histoire. C'est à ce moment, il me semble, qu'est né le projet d'écrire cette histoire-là.​